Dans le cadre de la situation qui prévaut en Tunisie depuis plusieurs mois, nous publions ce matin avec plusieurs autres organisations, une lettre ouverte adressée à la Conférence des chefs d’États de Gouvernement de l’Union Africaine.
Nous demandons aux Chefs d’Etat et de Gouvernement de protéger les droits humains des émigrants et leur offrir de meilleures conditions conformément aux engagements pris en la matière.
INTEGRALITE DE LA LETTRE OUVERTE
Messieurs les Chefs d’Etat et de Gouvernement,
Nous, organisations de la société civile signataires de la présente lettre ouverte suivons, avec désolation, effroi et presque impuissance, comme tous les Africains épris de paix et de justice, la triste et regrettable situation en Tunisie depuis plusieurs mois maintenant.
En effet, la situation qui prévaut en Tunisie est faite de climat d’inquiétudes, de violences et d’expulsion des Africains – présumés migrants clandestins – en l’occurrence ceux originaires de l’Afrique de l’Ouest.
Or, à l’échelle continentale, il existe de nombreux instruments juridiques qui marquent la ferme détermination des États africains à promouvoir le vivre-ensemble, renforcer la coopération et œuvrer individuellement et collectivement au respect en tout temps des droits fondamentaux de la personne humaine.
Malheureusement, nous assistons en plein 21ème siècle à une série d’actes condamnables commis par des Africains contre des Africains dans un pays Africain. Des actes qui sont hélas, amplifiés par certains discours d’hommes d’Etat.
Au demeurant, ces situations violent l’article 12 de la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples qui dispose :
« Toute personne a le droit de circuler librement et de choisir sa résidence à l’intérieur d’un État, sous réserve de se conformer aux règles édictées par la loi. Toute personne a le droit de quitter tout pays, y compris le sien, et de revenir dans son pays. Ce droit ne peut faire l’objet de restrictions que si celles-ci sont prévues par la loi, nécessaires pour protéger la sécurité nationale, l’ordre public, la santé ou la moralité publiques. Toute personne a le droit, en cas de persécution, de rechercher et de recevoir asile en territoire étranger, conformément à la loi de chaque pays et aux conventions internationales. L’étranger légalement admis sur le territoire d’un État partie à la présente Charte ne pourra en être expulsé qu’en vertu d’une décision conforme à la loi. L’expulsion collective d’étrangers est interdite. L’expulsion collective est celle qui vise globalement des groupes nationaux, raciaux, ethniques ou religieux ».
Au-delà, cette crise, si elle n’est pas jugulée dans les plus prochains mois, est en passe de créer une inimité et de faire naitre un sentiment de haine entre certains peuples de l’Afrique du nord et ceux de l’ouest.
Il va donc de soi que cette situation ne doit laisser personne indifférente. C’est pourquoi, conformément à notre devoir d’œuvrer pour la paix, la stabilité et l’effectivité des droits humains sur l’ensemble du continent, nous voudrions vous suggérer, messieurs les Chefs d’Etat et de Gouvernement, quelques actions qui, nous croyons, permettront de faire face à l’urgence et limiter les conséquences dommageables qui pourraient s’observer dans les jours, mois, années à venir.
Il s’agira de :
- Rappeler à la Tunisie ses engagements en faveur des droits de l’homme et son obligation de respecter et de faire respecter lesdits droits.
- Faire mener une enquête sur les cas de viol, de pillages, d’expulsion et traitements dégradants infligés aux migrants, en déterminer les auteurs et les poursuivre.
- Travailler à offrir de meilleures conditions de vie aux migrants.
- Faire sanctionner tout actes de racisme et de traitement dégradant subis par les migrants.
- Renforcer la législation sur la répression du racisme.
- Inviter les autorités tunisiennes à prendre publiquement la parole pour apaiser et désamorcer la situation.
En vous remerciant par avance de la prise en considération de ces suggestions, nous vous prions d’agréer, Messieurs les Chefs d’Etat et de Gouvernement, l’expression de notre haute considération.
Les organisations signataires :
Nom de l’organisation | Nom du Responsable | Pays |
Centre de Formation en Mécanismes de Protection des Droits Humains (CFMPDH-ONG) | ADELAKOUN Landry Angelo | Bénin |
Clic Citoyen | AVLESSI Renaud Fiacre | Bénin |
Réseau Africain pour le Maintien de la Paix (RAMP) | AHOTON Rock | Bénin |
Mouvement Martin Luther King | Pasteur KOMI Edoh KOSSI | Togo |
Youth Awake | KOLANI TOBIGUE YANDARE | Togo |
Ampliation :
Président de la Commission de l’Union Africaine,
Président de la Cour Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples,
Président de la Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples,